Après plus d’un an et demi de préparation, Microsoft ouvre officiellement ses centres de données français en version finale. La nouvelle infrastructure donne accès à l’offre cloud Azure du géant américain (du moins à ses briques majeures), ainsi qu’aux applications clés d’Office 365. Le tout est hébergé pour la première fois sur le sol français. Pour ce qui est d’Azure, Microsoft a doté l’Hexagone de deux « régions » d’hébergement : l’une située en Île-de-France (baptisée France Central), l’autre à proximité de Marseille (France South). La première est constituée de trois data centers (ou zones de disponibilité), et la seconde d’un seul. Cette dernière est mise en avant par Microsoft pour les besoins de reprise d’activité après sinistre. Elles portent à 50 le nombre de régions Azure à travers le monde.

Au total, près d’une trentaine de services cloud sont disponibles sur les régions françaises Azure. « Il s’agit de nos principales offres IaaS et PaaS », commente Bernard Ourghanlian, directeur technique et sécurité de Microsoft France, avant de préciser : « Certains services Azure qui nécessitent beaucoup de ressources machines ne sont proposées que sur certaines régions. Nous devons en effet préalablement nous assurer de la présence d’un marché local avant de les déployer et de consentir aux investissements nécessaires. C’est le cas par exemple des Cognitive Services autour de l’analyse de la parole ou de sentiments, qui ne sont mis en œuvre que sur la région US Ouest d’Azure. »

Comme AWS, Microsoft  met en œuvre une politique de prix localisée pour chacune des régions de son cloud. En France, le géant informatique américain a décidé (comme ailleurs) de s’aligner en grande partie sur la politique d’Amazon, en optant pour des tarifs inférieurs à ceux qu’il pratique pour Azure en Allemagne (et a priori supérieurs à ceux d’Azure en Irlande).

A la différence d’Azure, Office 365 fait l’objet d’une région d’hébergement unique en France. Son infrastructure est distribuée et redondée sur les quatre data centers ouverts par Microsoft. « A partir d’aujourd’hui, tous les nouveaux clients Office 365 basés en France verront automatiquement leur tenant (ou environnement logiciel, ndlr) être localisé au sein de ces centres de données locaux », précise Bernard Ourghanlian. Pour les organisations françaises ayant déjà souscrit à la suite, et faisant donc l’objet d’un hébergement de leurs données ailleurs en Europe (sur Dublin ou Frankfort), Microsoft pourra procéder à des migrations à la demande vers la France. « Les créneaux de basculement seront définis avec les clients car l’opération pourra nécessiter une interruption », précise Bernard Ourghanlian.

Contrairement à Azure, Office 365 ne fait pas l’objet d’une tarification spécifique en fonction de la région géographique. Les prix pratiqués en France sont par conséquent les mêmes que pour les autres régions d’Office 365 basées dans la zone euro.

Les briques Office 365 majeures

Côté services, l’offre Office 365 proposée en France intègre les principales applications de la suite du même nom (en version SaaS). Au programme : Word Online, Excel Online et PowerPoint Online. Elle inclut aussi ses outils collaboratifs les plus utilisées (Exchange Online, OneDrive, Sharepoint Online et Skype Enterprise). Qu’en est-il pour Microsoft Teams, la brique de messagerie d’équipe livrée avec Office 365 Business et Enterprise (et concurrente de Slack) ? « Pour l’heure, Teams n’est pas hébergé sur nos datacenters français. Néanmoins, cette application s’appuie pour l’essentiel sur OneDrive et Sharepoint Online, dont les données seront, elles, stockées en France », précise Bernard Ourghanlian.

Note : Disponible aux US, Microsoft Yammer (la brique de réseau social d’entreprise d’Office 365) fait actuellement l’objet d’un hébergement en Europe en bêta privée.

En termes de certifications, les offres Azure et Office 365 localisées en France font globalement l’objet des mêmes certifications que leurs grandes sœurs (elles sont notamment normalisées ISO 27001 et 27018). Elles sont également conformes au nouveau règlement européen sur les données (RGPD) qui  doit entrer en vigueur le 25 mai prochain. Mais Microsoft compte aussi obtenir dans les prochains mois des certifications franco-françaises, notamment celle d’hébergeur de données de santé. Il entend par ailleurs se mettre en conformité avec le référentiel SecNumCloud de l’ANSSI (Agence Nationale de la sécurité des systèmes d’information), qui vise à qualifier le niveau des prestataires de cloud en matière de sécurité et de qualité de service.

Aux côtés d’Azure et Office 365, l’offre progicielle Dynamics 365 fera aussi partie des services SaaS de Microsoft proposés au sein des data centers français du groupe, avec un lancement prévu début 2019.

Quelques références clients

Plusieurs clients de Microsoft ont commencé à déployer des applications au sein des régions françaises d’Azure sans attendre leur lancement en version finale. C’est le cas de l’ESN Econocom, de l’éditeur français Talentsoft (qui héberge historiquement son application SaaS de gestion des talents sur Azure) et de Naval Energies (un spécialiste des énergies marines renouvelables). Côté Office 365 en France, le Conseil départemental du Val-d’Oise a eu la possibilité d’accéder à la suite en amont de son lancement commercial.